vendredi 22 mai 2015

Béton

Immobile sous la pluie battante, je contemple l'horizon embrumé, songeant silencieusement à ce qui se dissimule au delà. La ville dans mon dos et cette vie derrière moi, je repense à cette longue chevauchée, pleine d'incertitudes et parsemée d'espoir.

J'y ai ris, j'y ai jouis, j'y ai pleuré, je t'y ai maudis, d'une voix grave déclamant maladroitement des reproches insipides.

La cité essaye de me happer, de ses appels entêtants, de ses bras accueillant. De sa voix métallique et rongée par la fumée, elle me demande froidement de revenir dans sa couche.

Non.

Elle me l'ordonne.

Elle tente de jouer de ses charmes, me soufflant à la gueule les vapeurs de sa cigarette de béton. Je ferme les yeux quelques instant, respirant cette chaleur crasse et enivrante.

Elle m'appelle.

Elle me veut.

Elle attend que encore une fois je la rejoigne, que je la rejoigne sur sa paillasse froide pour des étreintes monotones mais enivrantes.

Mais non, je la repousse, je ne veux plus d'elle, ma passion s'en est allée et je laisse ces souvenirs sereinement glisser entre mes doigts.


Je remonte le col de mon manteau, me rallume une cigarette et m'enfonce dans l'épais brouillard, loin des échos et des lumières de la ville.

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