vendredi 12 janvier 2018

Médication

Je n'ai pas les mots pour parler de mes maux,
de mon mal au crane, de mon vague à l’âme,
de mon cœur laminé, de mon corps fatigué.
J'ai le cerveau en berne, plein de balivernes,
de propos frêles qui ternissent mes monologues, avec toujours les même épilogues :

Tristesse, désespoir ou espoir de fesses.

Mon inspiration est en prison et tous les jours elle fait le tour de la même cour,
pour aller au parloir,
pour cracher sans bavoir,
toujours le même tempo derrière les barreaux du langage.

Ses barreaux c'est mon ego,
mon bagou de saligot,
je me suis confiné dans mes propres clichés.

Mais je veux pas être canalisé,
arrêter de m'alcooliser,
que mes pensées soient colonisées parce que vous souhaitez voir au Colisée,
quoi soit creux et aseptisé.

Étouffé,
dépité,
je suis en train de me noyer,
j'essaye de me redresser,
d’émerger,
de presser ma remonté,
je sortir enfin la tête au dessus des mots !

Je prend une grand inspiration,
je remplis mes poumons d'idées, de pensées,
de concepts, sans flancher.
Je suis sceptique, face aux spectre d'une linguistique millimétré qui se veut être celle des parvenus,
qui veut rester soutenue,
au détriment du sens,
pour une beauté qui ne se veut qu'esthétique, stylistique, syntaxique,
mais qui n'a plus rien d'épique.

Je dois sauter par dessus les barrières du langage,
dépasser cette cage bien trop sage où mes phrases restent des mirages et où ma plume ne plane que par phase.

De la dépression dépendent mes impressions, c'est la mélancolie qui va causer mon embolie littéraire.

Je chavire, je crois que j'ai le mal du vers,
des cors aux pieds,
un cancer de la prose,
une tumeur au stylo !

On m'a prescris des comprimés, des cachets, des trucs de toutes les couleurs,
des anti-dépresseur,
une pilule pour le cœur,
des gouttes à mettre dans les yeux pour voir la vie en prose et la rime en rose.

Et un suppositoire d'extase.

J'ai eu du mal à l'avaler..

Et là, j'ai lu les effets secondaires.

Pointe de bonheur au thorax,
Palpitations cardiaques,
Bouffées de candeur,
Euphorie.

J'ai trouvé le remède à la réalité !
On m'a shooté à l'optimisme !

C'est stupéfiant comme mes yeux se sont ouverts à un monde bien plus clair, où je flâne sans flancher, sans craindre de m'enflammer, pressé de m'y promener sans y demeurer oppressé.

Y a du bonheur,
des couleurs,
de la gaîté dans mon cœur,
oh oui,
merci Docteur,
merci,
merci,
pour toutes cette douceur, ces saveurs !

Je m’éveille de mes nuits au pays des milles et unes merveilles,
avec un miel au coin de ma bouche,
et le ciel au fond de ma couche !

J'y fais l'amour avec des anges !

Tous les jours !

Même le dimanche !

Leurs lèvres ont le goût de l'ambroisie,
leurs peaux sont plus douces que la poésie
et dés lors nos corps coexistent sans qu'alors mon cœur ne résiste.

Je joui avec les étoiles !

Je retisse les voiles du destin !

Je voguaiy sur mon radeau,
médusé,
pensant comme j'étais usé,
j'ai cessé de fuguer et j'ai saisit ce qui luisait sous mes pieds !

Je me suis fais couronner !

Et maintenant, je suis le monarque des passions,
j'ai pris son arc à Cupidon,
et sous les porches je décoche sur mes proches des flèches argentés,
je dérobe leur désespoir en leur faisant les poches,
pour aller le déposer dans la benne à ordure.

Peut être qu'elles sont vaines ces dorures,
mais je veux que leurs ors durent et dés lors mettre à bas les murs !

Je m'accrochait aux branches mais le primate est tombé des platanes et je me suis planté sur mes pieds !

Et si je me surprend à être déprimé, je reprend juste un autre comprimé, pour que le langage se délie hors de mon faciès.

Alors j’accueille la félicité,
je cueille et j'assemble des orchidées en bouquets immaculés,
que je renifle, qui m'enivrent, en niant mes ivresses passées et leurs passantes alcoolisés.

Adieu symphonie de phobies aux si sombres folies,
je susurre la sensualité des délices aux muses amusées,
que je ne cherche plus à abuser, à baiser, à user.

Mais voilà que mon souffle sonne faux,
qu'il me faut de nouveau me laisser gagner par des murmures moroses.

Je reprend une petite pilule rose.

Mes pupilles se dilatent.

Mon cœur bat la charade.

Mes sens sont sans dessus-dessous.

Mes excuses se déphasent.


J'ai fais une overdose d'extase.