C'était il y a deux ans. C’était
hier.
C'était une simple passade, une extase
passagère. Mais elle a duré des mois. Je me rappelle encore de
cette soirée de septembre, des vêtements que je portais, du parfum
qui te sublimait. Je me rappelle même de ce que nous avions bu, un
vin blanc, sec, dont j'étais coutumier. Cette soirée ne
représentait rien pour moi, mais maintenant, elle symbolise tant.
Nous avions échangés, à propos de
tout, à propos de rien. Ce fut une soirée sympathique, simple, sans
prétention. Nous étions deux enfants, moi notamment. Les épreuves
de la vie t'avaient bien plus marquées, et je me prétendais
immunisé. Comme j'avais tort.
Nous avons bu, nous avons ris. Nous
savions comment cette nuit se terminerai, bien que nous puissions
prétendre le contraire, hypocritement. Oh, que j'ai repensé à
cette nuit. Elle est restée dressée, tel un temple millénaire,
érigée douloureusement au milieu du néant de mon détachement.
Rappelle toi de mes doigts sur ton
corps, rappelle toi de nos chairs embrasées, rappelle toi de ces
soupirs d'extases tant de fois répétés. Ces souvenirs
insupportables raniment un désir écarté, un désir oublié, un
désir enterré. Ma respiration se fait plus profonde, plus pesante
tandis que les images de ces instant se dessinent et rebattissent
pour quelques secondes ces instant de volupté.
Va, fuis mes pensées souvenir de
malheur ! Ne me rappelle donc pas le bonheur, emporte la joie,
garde pour toi cette jouissance ! N'essaye pas de venir poser
tes pattes sur mon épaule ! Allez, va, envole toi au loin, je
ne veux pas de tes regrets, je crache sur ta mélancolie, je maudis
ces rappels incessant de ce que fut l’espérance !
Je reste là, dans cette chambre
obscure, à te regarder t'envoler. J'ai cru que j'allais essayer de
te saisir.
C'était il y a deux ans. C'était
hier.