mercredi 3 juin 2015

Folie

Je parcours inlassablement les faubourgs de la folie. Pas que la mienne. Y a celle des autres.

Les autres dont je me fais le réceptacle des errances. Ne le croyez pas pour autant respectable. Je m'abreuve goulûment de leurs petites déviances, de leurs vices déplacés et de leurs fautes répétées. Je m'abandonne dans ces failles béantes, longuement creusées par une pelleté de décisions maladroite et inopportunes.

Impassible tandis qu'ils se répandent, j’accueille la pluie de shrapnel qui bondit à mon visage, écorchant avec douceur mon âme burinée. Le sang qui dégouline sur ma chair vibrante y sèche prestement, figé par ma morgue et mon indifférence. Je lape avec délectation les rares perles qui se sont égarés au coin de mes lèvres, y gouttant le délice de ces révélations.

Je m'efforce alors de prodiguer conseils et avis, que je sais éclairés, tandis que je jouis cruellement de ma lucidité. J’assomme de mépris ces esprits écorchés, qui viennent encore et encore et encore subir mes sermons acides.

Alors, je prétend les connaître, avec une divinité joueuse et orgueilleuse. Je les vois comme des pions, mouvant sur un plateau fantasmé dont j'aime à me croire le compétiteur acharné. Ma prétendue objectivité sert de masque affreux au jeu dont je me délecte.

Et je m'amuse de faire l'index des errances psychologiques de chacun.

Alors, Monsieur, que pensez vous de mes propre dérangements ? Suis-je cet infâme mégalomane ou une déité ignorée ?
Allez y, jugez moi, je dois vous entendre hurler que je suis une vermine perfide et vicieuse, charognard mesquin du désespoir.

Je suis là, devant vous, bras écartés, l'âme nue et l'esprit soumis. J’attends votre délivrante lapidation.


Je ne veux pas de votre mépris. Je n'espère que votre haine.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire